John De Vos, professeur des universités, praticien hospitalier, responsable de l'unité Unité de thérapie cellulaire hôpital Saint-Eloi à Montpellier, inaugure la première des Matinales du Carrousel accueillie par la clinique, les Jardins de Sofia, spécialisée dans la maladie d'Alzheimer, à Castelnau le Lez, ce jeudi 12 janvier 2017 à 8h00.

Nathalie Michel et Bernard Michel, les Jardins de SophiaLes jardins de Sophia, une clinique pionnière


Les Jardins de Sophia accueille les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, du stade précoce au stade sévère. La clinique Jardins de Sophia a ouvert et s'est installée en mai 1989, parmi des champs de pommiers, à une époque où la maladie d'Alzheimer était peu connue. Aujourd'hui, dans un parc de deux hectares, la clinique – sans aucune marche, ni escalier, dotée d'un jardin botanique – propose un SSR (service de soins de réadaptation), une UHR (une unité d'hébergement renforcée de 20 lits, utilisés en cas de troubles de comportment importants), et une USLD (unité de soins de longue durée avec 80 lits). A tous les stades de l'évolution de la maladie d'Alzheimer, chaque patient bénéficie ici d'un projet individuel de thérapies non médicamenteuses. Dans le SSR, laboratoire depuis 1995 de mise au point de thérapies non médicamenteuses pour lutter contre la maladie d'Alzheimer, l'objectif de l'équipe de Madame Nathalie Michel, docteure en neurosciences, et autour du directeur et fondateur Bernard Michel est de favoriser la réserve cognitive, de maintenir les capacités restantes et de ralentir ledéclin.

 

Alain Bienvenüe, 1ère matinale du CarrouselLe Carrousel, une maison par tous


Le Carrousel, une maison PAR tous, portée par la Fondation du protestantisme de Montpellier, qui installera son lieu de plus de 500 m2 dans le quartier Gambetta, à Montpellier. Un lieu doté de 53 logements destinées à des femmes isolées, sous la responsabilité de Gammes, et des personnes qui sortent de la rue sous la responsabilité de l'Armée du salut, et un espace d'accueil, de rencontre, de services. Un dîner de gala clôturera l'année scolaire 2017.

Les Matinales du Carrousel sont la démonstration de la pluralité des rencontres entre ses différents partenaires. Ainsi, ce petit-déjeuner offert par une société montpelliéraine qui invite à échanger autour d'un sujet de société, inaugure les suivants qui réuniront les personnes intéressées par l'insertion et l'emploi, la gestion d'entreprise, l'aide à la personne, la domotique ou encore la production locale.

 

 

Conférence John De Vos, la médecine régénérative et les cellules souches pluripotentes induites ou iPS

Aujourd'hui, la greffe de moelle osseuse est techniquement acquise, mais l'ambition est d'aller plus loin en soignant par-exemple des pathologies neuro-dégénératrices et de traiter les maladies aujourd'hui sans recours.Petit rappel : l'oeuf humain fécondé génère plus de 10 000 milliards de cellules regroupées au sein de 200 tissus : nous sommes une collection de tissus qui fonctionnent de manière coordonnée et harmonieuse. Au niveau cellulaire, le tissu du foie ne fonctionne pas de la même façon que celui du cœur. Par-ailleurs, dans certains tissus, les cellules disparaissent. Par-exemple, dans le tube digestif les cellules sont renouvelées tous les cinq jours environ. Même chose pour la peau qui tombe en permanence, ou encore dans le sang où les cellules sanguines sont remplacées tous les jours. Dans le cerveau, il y a également un certain renouvellement – faible – des cellules. Tous les tissus ont plus ou moins un renouvellement permanent de leurs cellules.

La médecine régénérative ou régénératrice : la fontaine de Jouvence

La médecine régénérative va être pertinente pour un organe dont le renouvellement ne va pas se faire. Si le cœur ne fonctionne plus, tout l'être humain est en danger. Dans le cas de vieillissement, de certaines pathologies, les cellules ne sont pas renouvelées et l'organe ne peut plus assurer  sa fonction. L'ambition de cette médecine est de remplacer des cellules âgées, par des cellules en bonne santé. C'est la fontaine de Jouvence, celle qui rajeunirait les organes, une quête du Graal enfin atteinte. Le concept est simplissime mais la mise en pratique l'est moins. En effet, quelles cellules utilisées ? Les cellules matures ? Ce n'est pas toujours envisageable. Le muscle ou le cerveau, sont par-exemple des organes où on ne peut pas injecter des cellules matures. La cellule idéale serait la cellule souche qui est elle capable de générer des cellules et de se maintenir. Mas quelles cellules souches ? Il y en a de plusieurs types. Un autre aspect à considérer : comment rajouter les cellules ? Comment les réinjecter ? Et à quel moment ? Comment faire pour que les cellules injectées ne meurent pas ? Il n'y a en effet pas suffisamment d'espace entre les cellules pour pouvoir en réinjecter de nouvelles. Ceci est un obstacle majeur. Ce qui n'empêche pas que dans la cas de l'infarctus du myocarde – on ne sait pas réparer le myocarde, et il ne se régénère pas.  La médecine régénérative est la seule perspective de guérison. Il y a encore de nombreuses autres impasses médicales, telles que le  diabète insulo-dépendant, la maladie de Parkinson, les lésions de la moelle épinière, l'insuffisance hépatocellulaire ou les brûlures graves.

Les cellules pluripotentes et les multipotentes

Il existe plusieurs catégories de cellules souches, les cellules souches multipotentes, capables de se différencier – par-exemple, les cellules hématopoïétiques sont capables de produire des globules blancs, rouges et plaquettes – et les cellules pluripotentes capables de fabriquer tous les types de cellules. Chez l'adulte, tous les tissus sont stables dans le temps. Et heureusement. Mais l'inconvénient est que l'on ne peut pas réparer le poumon avec, par-exemple, des cellules du foie.

La découverte de Shinya Yamanaka

Le chercheur Shinya Yamanaka, né en 1962 au Japon et qui a reçu en 2012 le Prix nobel de médecine pour avoir découvert que des cellules matures peuvent être reprogrammées en cellules pluripotentes, les iPS : induced pluripotent stem cells, cellules souches pluripotentes induites.Sachant que les iPS peuvent se spécialiser en tout type de tissu, par exemple en cellules de peau, du coeur, du foie, de sang (leucocyptes), la découverte de S. Yamanaka permet de transformer un tissu en un autre. On peut ainsi reprogrammer des cellules peau à es cellules pluripotentes iPS qui prolifèrent in vitro sans limite de durée ou de quantitée, ce qui est d'un grand intérêt pour un usage en médecine régénérative. 

Les applications

Les chercheurs en sont aujourd'hui à la modélisation in vitro du développement normal et pathologique. On peut reproduire une pathologie in vitro ce qui permet d'avancer la recherche. Les industriels sont également très intéressés. On peut obtenir une quantité illimitée des cellules cardiaques, des cellules produisant de l'insuline etc. et même des neurones du tube digestif. Une application très prometteuse des iPS est la médecine régénérative, par laquelle les iPS spécialisées en un type cellulaire particulier, par exemple des cellules cardiaques, seront injectées dans un organe à réparer, par exemple le coeur. Cependant, il reste la difficulté qui est comme insérer ces cellules dans les tissus à réparer, pour que ces cellules survivent et s'intègrent dans l'organe. Cette découverte de S. Yamanaka est également un moyen de rajeunir des cellules âgées ou sénescentes. On est ainsi aujourd'hui capable de passer de l'état d'une cellule de centenaire à une cellule d'un embryon du 5ème jour de développement. Mais seulement à un niveau cellulaire et non au niveau de l'individu : le rajeunissement d'un individu n'est pas possible par la technologie des iPS.

Où en sommes-nous de ces applications des cellules souches pluripotentes ?

Les cellules souches pluripotentes sont impliquées dans une vingtaine d'essais cliniques dans le monde. Les cellules souches embryonnaires sont plus avancées que les iPS. Aujourd'hui, ce sont les pathologies de la rétine qui sont concernées par les essais cliniques de cellules souches pluripotentes, mais cela concerne également la réparation de la moelle épinière, le traitement du diabète ou le traitement de l'infarctus.  Ce qui a été fait avec les cellules embryonnaires pourra être réalisé avec des iPS.  Mais à nouveau la difficulté majeure reste la stratégie d'injection : quelle cellule, où, quand, comment ? C'est en raison de l'incertitude sur la réponse à cette question qu'il est impossible de dire à ce jour quand des applications de médecine régénérative verront le jour en routine médicale. 

La vie éternelle c'est pour quand ?

Le traitement, par la médecine régénérative, de chaque pathologie dégénérative qu'un patient pourra développer au cours de sa vie, pourrait amener l'être humain à vivre plus longtemps. Certains parlent, par provocation, d'immortalité. Mais vivre pour toujours, est-ce souhaitable ? Notre volonté est certes de vivre, mais notre corps est programmé pour mourir. En enlevant la mort, aura-t-on encore envie de vivre ? La seule mort possible d'un humain éternellement rajeuni serait par une infection – virale par exemple –  ou par agression physique. Quelle type de société cela impliquerait-il ? 

Être immortel est insignifiant; à part l'homme, il n'est rien qui ne le soit, puisque tout ignore la mort. Le divin, le terrible, l'incompréhensible, c'est de se savoir immortel / Jorge Luis Borges, in  L'immortel in L'Aleph, Gallimard.

Guylène Dubois. Merci à Monsieur John De Vos pour sa relecture et corrections. 

2ème partie de l'entretien

La 1ère matinale du Carrousel avec John De Vos, aux Jardins de Sofia

Guylène DUBOIS


Guylène Dubois est psychanalyste à Sète et anime deux émissions sur FM-PLUS : Radio divan, pour une psychanalyse populaire et l'Afrique dans tous ses états. Son site internet : http://surledivansetois.com


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