Texte de Michel Théron, animateur des "Mots pour le Dire" et d' "Autour d'un mot".

Conseil.

Faut-il toujours écouter celui que nous donnent nos amis ? Ainsi l’un des miens vient de m’avertir de l’indisposition où je pourrais mettre mes lecteurs, en faisant un examen critique de la foi dans laquelle ils ont baigné depuis l’enfance. C’était bon pour il y a quelques décennies, m’a-t-il dit, quand l’Église était forte et sûre de son pouvoir. Mais maintenant la société est de plus en plus sécularisée, les églises se vident, et la foi chez les derniers fidèles est de plus en plus chancelante : elle a besoin, non pas d’être fragilisée, mais réconfortée. Et avec les derniers attentats, le temps n’est plus au doute, il ne faut pas souffler la petite flamme prête de s’éteindre de ceux qui croient encore chez nous, il faut étayer le dernier courage qui leur reste. Bref, on ne tire pas sur une ambulance.

Il ne faut donc pas dire que les textes sacrés sont hétéroclites, voire contradictoires, que certains sont d’une extrême violence, que l’image de Dieu qu’ils nous donnent n’est pas très flatteuse, au point d’y faire voir parfois un pervers sadique à l’image des dieux païens. Il ne faut pas contester qu’il a livré pour notre salut son fils unique, sinon que dira-t-on pour les consoler à des parents qui viennent de perdre leur enfant ? Il ne faut pas leur montrer qu’à s’inférioriser constamment dans le sentiment du péché ils risquent de s’emplir de rancœur et de devenir par inhibition violents à leur tour. Pas plus qu’à s’exalter dans l’espérance ils risquent de perdre l’attention au moment présent, et à faire bon marché de leur vie terrestre au bénéfice d’une vie future et d’un paradis rémunérateur où ils trouveront enfin le bonheur. Surtout il convient bien de souligner l’importance décisive de cette croix salvatrice à l’image de laquelle ils doivent modeler leur vie en renonçant aux simples plaisirs qu’ils y peuvent trouver, en faisant une croix dessus. C’est ainsi qu’ils ont été élevés, a conclu mon ami, et c’est là ce que montrent certains textes dont le sens est manifeste pour quiconque sait lire, beaucoup de dogmes inspirés par le Saint-Esprit, et toute la catéchèse ecclésiale. Et au fond, qui ne préfère dormir à s’éveiller ?

Le quittant, je me suis bien promis de réfléchir à ce qu’il m’a dit.

 

© Michel Théron

 

Blog : www.michel-theron.fr

« Conseil » de Michel Théron

Michel THERON


Michel Théron est un écrivain, agrégé de lettres, docteur en littérature française et professeur de lettres honoraire en khâgne et hypokhâgne au lycée Joffre de Montpellier. Il est également rédacteur pour Golias Hebdo et Golias Magazine. Il pratique la photographie et la vidéo, et est aussi conférencier.


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