Lundi 23 juin 2025 sur RADIO FM PLUS de 11h à 12h l’émission Traces de Lumière est consacrée à Louis ARAGON Les yeux d’Elsa – (rediffusion de 11h à 12h samedi 28 juin 2025) vous écouter aussi l’émission par internet et ensuite en podcast www.radiofmplus.org
Le recueil Les yeux d’Elsa paru en 1942, contient non seulement quelques-uns des plus beaux poèmes du poète, mais aussi des proses éclairantes : tels que La leçon de Ribérac et Sur une définition de la poésie. L’amour d’Elsa représente la pureté au cœur des ruines, la force de lutter et de s’opposer, l’affirmation de la vie, mais Elsa n’est pas un symbole, elle est l’amour présent, l’amour de la femme qui se lie à l’amour de la patrie. Tout le monde connaît le poème qui donne son titre à l’ensemble, ce chant d’harmonie et de beauté qui se déroule et nous émerveille entre le premier et le dernier quatrain.
Après ces poèmes suivent des plaintes comme au temps médiéval, avec des sujets cherchés très loin dans l’Histoire et qui font renaître une Renaissance historique appelant à une renaissance française, avec ouverture sur le faible espoir qui va grandir. Ainsi cette poésie de tradition française que d’aucuns croyaient épuisée renaît plus jeune que jamais dans Les yeux d’Elsa, jeune parce que fertilisée par les assouplissements donnés par le surréalisme comme jadis les rhétoriqueurs ont assoupli notre langue. Louis ARAGON dit : « Mon amour n’a qu’un nom c’est la jeune espérance. » et soudain, par ce livre, par ces vers qui sont sur toutes les bouches, la poésie apparaît plus que jamais salvatrice et les hommes seuls de la France blessée voient surgir du passé français ressuscité un immense espoir. La voix ne cessera plus de retentir.
Dans le recueil Borcéliande, paru en 1942, Marianne a pris le nom d’Elsa. Le recours au trésor médiéval indiqué dans La leçon de Ribérac se poursuit dans Brocéliande, long poème où, à travers les mythes hérités de Chrétien de Troyes, s’affirme une permanence nationale en temps de censure, et le poème à ses clés (par exemple les évocations des résistants martyrs). La fin du poème débouche même sur une prophétie celle de la libération en août, et qui surviendra bien en août, mais deux ans plus tard.
Il faut pour bien comprendre qu’on récitait les poèmes de la résistance dans les maquis, dans les prisons, dans les chambres de torture, dans les camps d’extermination. Leurs copies tombaient aussi des avions alliés, circulaient par les nuits de couvre-feu, se retrouvaient dans les poches des fusillés avant d’être inscrits sur les monuments qui commémorèrent leur sacrifice. Qu’on le veuille ou non, la poésie, c’est aussi ce flot d’armes parachutées, ces messages, ces ultimes compagnons des hommes sacrifiés. L’honneur des poètes.
Pour Louis ARAGON, Elsa est ce prénom qui devient synonyme d’amour. Après Le cantique à Elsa, Les yeux d’Elsa, paraissent Elsa (1959), Le fou d’Elsa (1963), il ne m’est Paris que d’Elsa (1964). Poèmes d’amour, de passion, de désespoir, de mélancolie, certes, mais aussi rencontre de la femme et du pays aimés, rencontre de tous les thèmes d’une poésie aux multiples visages. Elsa (1959), parle le désespoir de l’homme amoureux ou la jalousie.
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