Lucas Bielli, psychanalyste à Montpellier et Guylène Dubois, psychanalyste à Sète animent la chronique hebdomadaire Radio divan, pour une psychanalyse populaire. Deux voix pour explorer un sujet psy.

La compulsion de répétition

Pour commencer, nous remarquons que dans nos vies, nous avons parfois la sensation de répéter des situations. Par-exemple, de toujours choisir des partenaires amoureux avec le même profil. Relation qui génère de la souffrance, ou au mieux un manque d’épanouissement. En psychanalyse, on parle de compulsion de répétition. Et quand cette répétition devient source d’une souffrance, d’une douleur, il est alors utile de déposer ces situations chez un psychanalyste. Répéter c’est vivre à nouveau ce qui est source de souffrance. Répéter c’est vivre encore et toujours ce qui n’a pas été résolu avant.

Pourquoi on répète ?

L’adulte, en effet, répète une situation ancienne, qui s’est déroulée durant l’enfance, une situation de l’ordre du conflit, du traumatisme. Et pour cause, les émotions générées ont été éprouvantes et le contexte a été refoulé. Comme la situation qui est à l’origine du conflit ou du traumatisme a été refoulée hors de sa conscience, l’individu répète inconsciemment les circonstances du conflit. De fait, cette répétition lui sert à revivre les émotions connues qui y sont liées. L’individu répète en espérant inconsciemment trouver la solution au conflit originel. Afin de tenter de trouver une issue à une situation d’enfance douloureuse, ou incomprise ou génératrice de culpabilité. Dans l’espoir de résoudre un conflit ou un traumatisme souvent ancien et toujours refoulé. En répétant inconsciemment la situation à l’origine du conflit ou du traumatisme, l’individu cherche à trouver une solution qui pourra le libérer de ce cercle infernal.

L’inconscient mémorise les émotions

On répète avec des personnes différentes de la situation originelle du conflit, mais les nouvelles situations répétées vont provoquer les mêmes émotions. Et ce que l’inconscient mémorise ce sont bien les émotions, les affects.

Comment et quand se manifeste la répétition ? Le rêve est un moment, un état où la compulsion de répétition s’exprime. Ce sont là encore les émotions, les éléments marquants du rêve qui vont pouvoir repérer qu’ils rentrent dans cette répétition, malgré les habillages différents de chaque rêve.

Répéter est mortifère

La répétition, telle que nous la considérons en psychanalyse n’est pas le travail utile du comédien qui apprend son texte, et fait progresser son interprétation. Mais, la répétition en psychanalyse est mortifère. De plus, on répète car on ne sait faire que ça. C’est une répétition aveugle, sans interprétation, sans créativité. Par conséquent, ce n’est pas vivant. Répéter c’est s’enfermer dans un schéma de vie sans ouverture, ni perspective. Le travail analytique va chercher où se trouve l’acte fondateur de la répétition. Par la prise de conscience de cette première fois, l’analysant et l’analyste identifient ce qui s’est joué à ce moment précis, et quel besoin cette répétition nourrit. Puis, les situations dangereuses, en lien avec la répétition sont consciemment repérées et soigneusement évitées par l’individu qui en refuse la souffrance qui lui est liée.

Répéter coûte cher

Enfin, ça coûte très cher de répéter. Cher en énergie. Répéter c’est tourner en boucle. Ne pas trouver d’issue à une situation inconfortable. C’est coûteux en temps. On dit « qu’on n’avance pas ». Coûteux en énergie émotionnelle.

Radio divan, pour une psychanalyse populaire #6 : la répétition.

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Guylène DUBOIS


Guylène Dubois est psychanalyste à Sète et anime deux émissions sur FM-PLUS : Radio divan, pour une psychanalyse populaire et l'Afrique dans tous ses états. Son site internet : http://surledivansetois.com


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