Hélène Dorion vit environnée de lacs et de forêts, de fleuves et de rivages, de brumes de mémoire et de vastes estuaires où la pensée s’évase. Dans ce recueil voué aux forêts, elle fait entendre le chant de l’arbre, comme il existe un chant d’amour et des voix de plain-chant. « Mes forêts… », -dit-elle dans un souffle qui se densifie de poème en poème. Et l’on entre à pas de loup dans une forêt de signes où l’on déchiffre la partition de la vie sur fond de ciel, sur fond de terre, sur fond de neige, de feuillages persistants et de flammes qu’emporte le vent, de bourgeons sertis dans l’écorce et de renouvellement. Un chemin d’ombres et de lumière, «qui donne sens à ce qu’on appelle humanité. » À l’heure où nos forêts brûlent et reculent, ce recueil est une trêve. Scrutée sous toutes ses écorces, la forêt est ce lieu d’incertitude et de beauté éternelle. Le décor est fixe, mais la lutte des éléments transforme sans cesse le paysage. (…) Écrite la forêt est un acte politique : c’est ancrer son regard vers un immobile à préserver.

Hélène Dorion dresse un état de notre condition à l’heure où une catastrophe écologique, sociale et morale se profile. Dans cette urgence, elle nous appelle à n’oublier ni la beauté de l’univers – des étoiles aux arbres et aux bêtes –, ni notre rôle en ce monde, ni la vérité «sur ce qu’on appelle humanité», grandeur, cruauté et bonté. – Les forêts d’Hélène Dorion, ce sont ses mondes, mais c’est aussi le Monde. Tout à la fois cycle de vie, siège de la solitude et de la souffrance, gardienne du temps et des souvenirs, marquée par les empreintes laissées par la main de l’homme – certaines inexorables, d’autres encore réparables – abri des rêves portés par le vent dans les feuilles et les herbes, et bien sûr berceau de l’humanité.

Traces de lumière : Hélène Dorion

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